Vertere (Número 17 – Año 2015)

ISBN: 978-84-16446-05-6 – Nº17/2015
EDITAN Y EVALÚAN Diputación Provincial de Soria y
Ediciones Universidad de Valladolid (EDUVA)

 

SEBASTIAN GARCÍA BARRERA

LE TRADUCTEUR DANS SON LABYRINTHE:
La traduction de l’Amadis de Gaule
par Nicolas Herberay des Essarts (1540)

La présente étude se veut une contribution à l’histoire de la traduction au XVIe siècle à travers l’analyse de la première traduction française de l’Amadis de Gaule, par Nicolas Herberay des Essarts (1540). Après une réflexion théorique sur l’analyse des traductions du passé, ses enjeux méthodologiques et son importance pour l’historiographie de la traduction, nous avons tenté de suivre l’intervention d’Herberay des Essarts au ras du texte.

L’Amadis d’Herberay des Essarts se presente comme une transgression assumée, concerté et célébrée « loi » de la fidélité. Mais qu’est-ce la « fidélité » sinon le reflet d’un certain rapport à l’Autre, à la langue, à l’écriture, variable selon les cultures et les époques? Et l’écart qui sépare la traduction de l’original, qu’est-ce d’autre sinon l’empreinte du traducteur, de sa lectura de l’original, de sa conception du traduire?

Les chemins qui conduisent de l’original à la traduction son imbriqués. Ils forment un labyrinthe où se manifeste la subjectivité du traducteur, son historicité. Retracer ce labyrinthe, c’est rendre compte de la façon dont un traducteur du XVIe siècle conçoit la « traduction ». C’est aussi la seule manière de comprendre ce que signifie traduire en France, en 1540, l’Amadis de Gaule.

 


 

 
Materia destacada Thema:   CFP : Traducción e interpretación
Materia destacada IBIC:    CF : LINGÜISTICA
Materia IBIC:   CFP : Traducción e interpretación
 

 


Sebastián García Barrera a suivi des études de traduction en anglais, français et espagnol à lʼUniversité dʼAntioquia (Colombie). En tant que membre du Groupe de Recherche en Traductologie du Département de langues de cette université, il participe à la traduction collective de Les traducteurs dans lʼhistoire / Translators through History, ouvrage dirigé par Jean Delisle et Judith Woodsworth. Cʼest à la suite de cette première incursion dans lʼhistoire de la traduction quʼil décide de se spécialiser dans ce domaine. Il poursuit ses études à lʼUniversité de Rouen et soutient en 2011, sous la direction de Jean-Claude Arnould, une thèse portant sur la première traduction de lʼAmadis de Gaule en France. Après avoir participé à plusieurs colloques internationaux dans ce domaine, il rejoint le projet HTLF (Histoire des traductions en langue française) et rédige, avec Pascale Mounier, lʼun des chapitres du volume consacré au XVe et au XVIe siècles. En ce qui concerne lʼhistoire de la traduction, ses recherches portent principalement sur les discours autour du traduire à la Renaissance, les images de la traduction dans les préfaces des traducteurs et dans les traités de rhétorique de lʼépoque, mais également sur le rapport entre traduction et rhétorique. Il travaille actuellement au département dʼEspagnol de lʼUniversité de Rouen en tant quʼattaché temporaire à lʼenseignement et la recherche.



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PREFACE

 
La traductologie s’est tournée depuis environ un quart de siècle vers ce qui constitue le centre de l’opération traduisante: le traducteur. Il était temps de sortir du carcan d’une vision réductrice confinée à l’analyse de la sacro-sainte fidélité linguistique ou communicationnelle. Nombre de traductologues s’y sont attelés pour le plus grand bien de la discipline. Il en est ressorti une mise en valeur, une mise au jour dans de nombreux cas, du rôle de cet agent resté trop longtemps dans l’anonymat et traité trop souvent d’une façon anecdotique. Il est temps, pour jauger l’impact de la traduction sur nos sociétés, de jeter sur l’acteur même du processus un regard plus large, moins manichéiste, en un mot pluridiscisciplinaire.

Si Nicolas Herberey des Essarts n’a pas manqué de s’égarer dans sa tâche labyrinthique de la version française de l’Amadís de Gaula en 1540 (c’est de ces « égarements » dont il est question dans le présent ouvrage), adoptant un regard comme celui évoqué plus haut, Sebastián García, lui, s’est tracé une voie sans détour pour venir à bout d’une étude ambitieuse et complexe. Jeune chercheur colombien à l’avenir prometteur, il publie ici sa thèse de doctorat soutenue à l’Université de Rouen en 2011. Le clin d’oeil à Gabriel García Márquez dans le titre n’est que le premier pas d’un dialogue qu’il établit avec son lecteur, d’une certaine connivence avec ceux qui voudront bien l’accompagner dans le labyrinthe de la traduction de textes anciens.

Le lecteur a entre les mains une analyse fine de la version française du roman de chevalerie espagnol, l’Amadis de Gaule, d’origine contestée mais finalement compilé en 1508. Au fil des pages, il chevauchera dans le Moyen-âge espagnol mais aussi français dont la lecture se caractérise par la pluridisciplinarité. En bon historien, Sebastián García s’adonne à la recontextualisation du texte source et du texte cible par le truchement de l’analyse des préfaces. Cette recontextualisation se veut à la fois politique (la rivalité entre l’Espagne des Rois catholiques et la France de François Ier), littéraire (la place des romans de chevalerie), traductologique (la notion même de traduction au XVIe siècle) et sociolinguistique (l’émergence de la langue française).

Dépassant très largement le sempiternel débat sur l’exotisation (foreignizing) et la naturalisation (domesticating), cette étude reconnaît et démontre un vaste continuum entre ces deux pôles qu’elle jalonne de notions telles que la translation, l’imitation, l’adaptation et l’appropriation. Ces notions représentent les « altérations non obligatoires» (Toury) ou les «interventions délibérées» (Bastin). Elles témoignent surtout d’un échange, pas toujours équilibré, entre normes en vigueur et projet personnel de traduction. Sebastián García déploie d’ailleurs ici d’énormes moyens pour reconstruire tant l’horizon de la traduction que le projet du traducteur.

L’auteur se livre à une réflexion très lucide sur l’essence même de la traduction, la «idélité». À partir de la désinvolture proverbiale du traducteur, Herberay des Essarts, il revisite les stratégies et les techniques de traduction, cherchant à préciser, si faire se peut, avec une grande humilité toute à son honneur, la notion de traduction. Le lecteur découvrira, non sans plaisir que, pour García, la véritable nature de la traduction reside dans son historicité.

Si l’ouvrage se lit comme une histoire, il n’en reste pas moins un texte universitaire dont l’impressionnant appareil de notes dénote une recherche bibliographique considérable. L’auteur fait preuve de la plus grande rigueur tant pour le choix de son cadre théorique que celui de sa méthodologie. Loin de spéculer sur la nature et les causes du comportement traductif d’Herberay des Essarts, il fait porter son analyse comparative sur des zones textuelles qu’il traduit en tableaux; il révèle ainsi deux projets scripturaux distincts: pour le profit (l’original) et pour le plaisir (la traduction). Sebastián García, à partir de la mise en regard des textes, nous offre sa vision de la traductologie, le mot d’ordre de sa démarche comme il dit, soit la réflexivité, qu’il emprunte à Antoine Berman lorsque celui-ci définit la traductologie comme «la reprise réflexive de l’expérience qu’est la traduction».

Par la profondeur de la réflexion, la minutie des analyses et la pertinence des conclusions, cet ouvrage constitue un apport de poids à l’édifice traductologique. Sebastián García conforte l’intérêt des traductologues pour le traducteur en tant qu’objet d’étude et celui des historiens de la traduction pour le caractère non normatif de la traduction et sa nature «historique». Il offre en outre aux historiens de la traduction de textes anciens un outil méthodologique de grande valeur herméneutique. Finalement, il jette un jour nouveau sur l’étude de ce texte littéraire devenu canonique pour les études hispaniques, en particulier littéraires.

L’on sait le labyrinthe que doivent parcourir les jeunes auteurs avant de voir leur travail publié. Que la direction de Vertere soit ici remerciée de mettre à la disposition des spécialistes de la traduction mais aussi des études hispaniques et de la littérature comparée, ainsi que du public en général, un ouvrage d’un aussi grand intérêt.

Georges L. Bastin
Université de Montréal
 

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